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Baleines et dauphins

Gestion d’un échouage – premiers gestes

 

Plus tardive est la découverte sur la plage, moindre est l’efficacité de l’intervention d’où la nécessité d’une prospection régulière des plages et les moyens financiers adéquats (cf. « les amis de Sibylline »).

 

Avant toute chose, A NE JAMAIS FAIRE

Tracter l’animal par la queue (nageoire caudale) ou le manipuler par les autres nageoires : pectorales (celles de devant), dorsale (celle du dessus). Ces appendices sont extrêmement fragiles et les risques de facture élevés.

 

Manipuler l’animal sans protection : gants, masque, lunettes car vous ne connaissez pas la raison de l’échouage de l’animal. Celui-ci peut être porteur d’une maladie transmissible à l’homme.

 

 

Distinguer plusieurs types d’échouages

Echouage simple : individu isolé

Echouage multiple : plusieurs individus morts arrivent en quelques heures ou quelques jours sur une portion de côte

Echouage en masse (plus de trois individus) : on parle d’échouage en masse à partir de 3 individus, ce qui permet d’exclure les couples parent-petit. Cela peut aller jusqu’à plus d’une centaine. Ils concernent les espèces grégaires, pélagiques ou du moins fréquentant les eaux profondes.

Il est admis que ces échouages sont la conséquence de la forte cohésion (unité) sociale qui régit ces espèces. Le guide du groupe, malade, désorienté… « embarque » alors tous ses congénères dans son naufrage. L’attitude à adopter dans pareille situation n’est pas simple et demande un sens accru de l’organisation. Mieux vaut établir de petits groupes de volontaires contenant chacun une personne expérimentée au minimum.

Echouage d’animaux morts en mer

Echouage d’animaux vivants

 

Trois options sont envisageables

Renflouement : l’animal vivant est remis à l’eau. Si cette option paraît de loin la plus séduisante, elle n’est pas obligatoirement la meilleure si un examen clinique de l’animal n’a pas été réalisé. Le renflouement est surtout intéressant dans le cas d’échouages en masse chez des individus sains.

Cas particulier des grands cétacés : la taille de l’animal est un facteur limitant à leur hospitalisation en milieu fermé (transport, taille des infrastructures). Dans ce cas précis, une hospitalisation en milieu ouvert ou un renflouement immédiat (après examen vétérinaire) sont les deux solutions envisageables qui évitent à l’animal d’agoniser sur la plage. Lors du choix de la deuxième alternative, la faible connaissance du devenir des animaux renfloués devrait nous inciter à les marquer systématiquement par radiotélémétrie (balises Argos). Les compétences scientifiques sur le territoire français, en matière de radio marquage, étant bien présentes.

Balise en place sur un aileron dorsal

Balise-argos

d'après Geraci et Lounsbury, 1993

balise-2009

En 2009

Hospitalisation : dans un centre agréé (à l’heure actuel inexistant en France), sur la côte à la condition d’avoir le matériel et d’être dans un endroit relativement calme (la Méditerranée s’y prête davantage que l’Atlantique ou la Manche), dans une piscine d’eau de mer aménagée pour recevoir ce type de patients. La surveillance doit avoir lieu 24h/24 et demande des compétences professionnelles de cétologiste, vétérinaires…

Euthanasie : elle ne devrait avoir lieu que dans les cas ou le pronostic vital ne donne aucun espoir de réhabilitation. Sa décision n’appartient donc qu’à des vétérinaires possédant une expérience clinique sur ces animaux, et après examen de toutes les données médicales disponibles. En aucun cas, des vétérinaires ne doivent se laisser dicter leur conduite, dans ce domaine, par des personnes non vétérinaires, présence ou non de médias sur le site !

En France, cette euthanasie est quasiment pratiquée systématiquement sur les animaux échoués vivants. Les arguments présentés sont les suivants :

o un animal qui s’échoue est un animal en mauvaise santé : ceci ne peut être confirmé sans examen clinique, d’une part, et des facteurs non pathologiques peuvent intervenir, d’autre part (cf. bibliographie relative à ce domaine)

o aucune infrastructure en France ne permet d’accueillir des dauphins. C’est parfaitement exact à l’heure actuelle mais en attendant que nous réussissions à en créer un (cf. « un projet innovant »), l’on peut parfaitement recenser, tout le long de nos côtes, les piscines ou lieux naturels d’eau de mer susceptibles de permettre une hospitalisation.

 

 

Mesures sur la plage

Périmètre de sécurité

Après l’alerte, la première chose à faire est de délimiter un périmètre de sécurité de 10 mètres minimum autour de l’animal pour diverses raisons :

– pour la sécurité de l’animal lui-même : éviter qu’on ne le blesse, réduire son stress au maximum…

– pour la sécurité des badauds : les réactions d’un animal stressé sont imprévisibles (coups de caudales, morsures pour les cétacés à dents)

– pour permettre une liberté de mouvements aux sauveteurs

– enfin, ne pas oublier les maladies transmissibles entre espèces appelées « zoonoses » dans le jargon scientifique. La transmission est aussi bien valable dans le sens animal–homme qu’homme–animal.

 

1) l’évent doit être libre

2) creuser un trou à l’emplacement des pectorales et si possible tout autour de l’animal (environ sur 30 cm de profondeur) afin qu’il repose dans l’eau

3) imbiber continuellement le tissu qui enveloppe le dauphin

4) toile qui protège de 5 et 6

5) Eole, 6) Hélios

echouage

 

Protection de l’animal

– S’il se trouve dans l’eau, l’y maintenir dans une position physiologique, c’est-à-dire naturelle : ventre en bas et dos à fleur d’eau (pour qu’il puisse respirer)

 

echouage

Maintien correct de l'animal

 

– S’il se trouve hors de l’eau, essayer de le remettre à l’eau (selon un protocole précis et donc réservé à des spécialistes) tout en le maintenant en flottaison

– Si l’animal est impossible à déplacer, maintenir une humidité constante de la peau (pièce de tissu qui entoure l’animal et que l’on arrose régulièrement (seaux, arrosoirs)) afin, premièrement, de protéger l’épiderme des « coups de soleil », deuxièmement, de l’aider à maintenir sa température corporelle. Les nageoires sont des endroits importants à humidifier car elles comportent un des mécanismes majeurs de thermorégulation (régulation de la température). L’humidification doit être constante

– Monter un paravent (pièce de tissu ou autre) face au vent et bien implanté dans le sol, le long de l’animal (laisser un espace) afin d’éviter toute entrée intempestive de sable ou autre corps étranger dans les voies respiratoires par l’évent (« trou de nez » des cétacés). De la même façon, le protéger du soleil (évite des lésions de la peau très fragile).

– Toujours veiller à ce que l’évent soit libre (eau, sable, algues…),

– Parler à l’animal avec douceur, se déplacer sans mouvements brusques

– Toujours tenter de prévoir les réactions de l’animal, pour sa protection et pour la vôtre.

 

 

Transport

A ce stade, les secouristes sont déjà arrivés sur les lieux

- les petits cétacés sont transportables dans des brancards spéciaux : y sont aménagées des ouvertures pour les nageoires pectorales (devant) et pour la sphère génitale. Le corps du brancard est réalisé avec du plastique dur ou de la toile résistante. Les bras sont en aluminium (plus léger) ou acier inoxydable.

 

echouage

Brancard permettant de transporter les petits delphinidés

 

- Dans le véhicule de transport, l’animal est, de préférence, placé sur un matelas en mousse afin de diminuer la compression des viscères. L’idéal est une petite piscine rectangulaire sur laquelle peut s’adapter le brancard. La température intérieure du véhicule doit avoisiner les 15,5 à 18,5° C.

- L’animal doit être arrosé tout le long du chemin

- L’évacuation d’un dauphin doit être planifiée au moment idoine. En pratique, cela signifie que le premier essai a lieu après que le dauphin est resté quelque temps dans l’eau, loin de la population et que ses fréquences cardiaque et respiratoire se sont plus ou moins normalisées. Le dauphin est placé sur le brancard et la surveillance de la fonction cardio-respiratoire est continue (durée des apnées, battements cardiaques…). Si l’état de l’animal se détériore, renouveler les tentatives autant de fois que nécessaire en replaçant l’animal dans l’eau. Un arrêt cardiaque est toujours à craindre et seule l’administration de tranquillisants permet de minimiser ce risque (cf. « médecine des delphinidés »)

- Evaluer ce que l’animal requiert en termes de contact. Les interactions doivent être minimum afin de ne pas aggraver son état en lui infligeant un stress supplémentaire inutile.

- Le stress engendré par l’évacuation et le transport est un facteur critique pour la survie du cétacé

En résumé : AGIR VITE ET BIEN ! Cela suppose donc une formation solide des gens susceptibles d’intervenir sur un échouage. Cela suppose aussi une préparation des communes à ce genre de situation. Un échouage équivaut à une situation d’urgence qui ne laisse aucun droit à l’improvisation si l’on veut être efficace

 

N’OUBLIEZ JAMAIS QUE VOUS ETES EN PRESENCE D’UN ANIMAL SAUVAGE QUI CHERCHERA A SE DEFENDRE. SOYEZ DONC EXTREMEMENT PRUDENT, NE VOUS FIEZ PAS AUX IMAGES DE « GENTIL DAUPHIN » VEHICULE PAR LES MEDIAS

Si vous ne savez pas : n’agissez pas ; en voulant bien faire, vous pourriez aggraver une situation déjà précaire.

Cette page a une visée informative et non incitative. Elle ne peut donc être tenue pour responsable en quelque situation que ce soit.