;

Mission et Charte

 

Mission

La mission de Sibylline – centre de faune sauvage marine, est de secourir les animaux échoués en détresse, en intervenant de manière humaine et rationnelle et dans le respect des règles sanitaires de base. L’hospitalisation des animaux : oiseaux marins, dauphins et baleines, tortues, requins… permet de progresser dans la connaissance de la médecine et de la biologie de ces animaux. Sibylline, à travers ses protocoles de recherches clinique et fondamentale, par ses études d’impact des activités humaines sur les animaux marins et par son volet éducatif, contribue à la préservation de la biodiversité.

 

Charte de déontologie

Sibylline s’engage auprès de ses partenaires :

- Dans le cadre de la médecine et de la recherche, à faire appel aux compétences requises : médecine vétérinaire spécialisée (compétences françaises ou étrangères), chercheurs propres à chaque discipline d’investigation, toutes compétences déjà représentées au sein de l’association et de son réseau en place depuis 2003.

- Dans le cadre pédagogique, maîtrise des techniques professionnelles propres aux champs d’application : réalisation de supports pédagogiques et de communication incluant les dernières technologies et les prises de vues sous–marines et terrestres avec une recherche permanente de productions pertinentes et innovantes, de l’idée jusqu’à la réalisation, création artistique incluse.

- Dans tous les cas, articulation juste et cohérente entre un cahier des charges et la faisabilité du projet

- Dans tous les cas, une volonté de satisfaction pour les commanditaires et les différents publics touchés.

 

Un projet innovant

- Par son caractère unique sur le territoire national : un espace (aujourd’hui inexistant) entièrement consacré aux vertébrés marins, à leur prise en charge et à leur milieu « H2O, cité de l’océan » .

- par son système de financement : le centre pédagogique

- par un nouvel équilibre entre désir du public (celui de nager avec les dauphins) et éthique (absence de captivité)

- par ses infrastructures : architecture (design, biomatériaux optimisés pour des économies énergétiques maximales) et fonctionnalité

- par sa conception et son mode de fonctionnement : une consommation énergétique maîtrisée compensée par une alimentation autonome

- par sa volonté de collaboration avec TOUS les acteurs de l’environnement océanique réellement compétents, tant au niveau des animaux marins que de leur milieu.


Le projet « H2O, cité de l’océan » en Aquitaine répond à un impératif réel. Il s’inscrit donc dans une perspective de nécessité. Ses trois axes principaux sont les suivants :

- Santé : soins et réhabilitation des vertébrés marins échoués (oiseaux et cétacés)
- Recherche : fondamentale et clinique
- Education : pédagogie et formation afin de promouvoir le respect, la conservation et la protection de l’environnement marin

 

Contexte

Les objectifs de Sibylline répondent à une nécessité mise cruellement en évidence lors de marées noires telles celles du Prestige mais aussi, régulièrement, lors d’échouages de cétacés vivants, échouages qui finissent en euthanasie, agonie, voire boucherie (cf. exemples français) !

Un centre de soins, pour des raisons évidentes de logistique (transport, rapidité d’intervention…), doit se situer sur la côte. Concernant l’avifaune, aux causes logistiques s’ajoutent les risques sanitaires liés à l’aspergillose (Aspergillus fumigatus), champignon pulmonaire responsable de véritables hécatombes lorsqu’il survient dans des centres de soins sur des oiseaux déjà faibles. L’air salin inhibe le développement de ce champignon comme celui de beaucoup d’autres agents pathogènes.

La France est l’un des rares pays de la Communauté Européenne à ne pouvoir prendre de dauphins échoués vivants en soins. Par conséquent, la « politique » française, faute d’équipement, est d’euthanasier ou de laisser agoniser lorsque la taille des individus est trop importante (ex : cachalots). Nous n’avons pas non plus de salles d’autopsies pour les mammifères marins échoués ou découverts morts, ce qui signifie une perte considérable d’informations biologiques (susceptibles de nous donner les raisons tangibles des échouages, ce qui éviterait d’avancer systématiquement les pêcheurs comme responsables de ce que nous trouvons sur nos côtes, génétique des populations…). Les dissections complètes sur les plages sont rares et posent le problème des risques sanitaires pour le milieu et la population. L’Aquitaine, par son linéaire côtier (près de 300 km) et sa concentration d’échouages annuels : la plus importante du territoire, se présente comme la région pilote appropriée.

Lors d’une situation de catastrophe telle que connue ces trois dernières années, des centres de soins sont montés à toute allure pour tenter de juguler les arrivées massives d’animaux échoués. Pour exemple, un centre de pré-soins, c’est-à-dire de stabilisation de l’oiseau en poids et température (condition sine qua non avant lavage du mazout), coûte 10 000 euros en matériel. Cette somme doit être avancée par les particuliers, associations, fédérations… en bref, ceux qui se sentent concernés par la faune sauvage. Le remboursement des montants n’a lieu qu’en fin de crise et au vu de démarches administratives coûteuses en temps et en énergie. De plus, il est fréquent que les sommes avancées mettent en situation de précarité financière les individus ou associations concernées. Faute de moyens, les bénévoles travaillent avec des « bouts de ficelle », conscients de ce qu’il faudrait faire et de ce qu’ils peuvent faire.
Les conséquences de telles situations : les animaux réhabilités le sont dans des conditions de sécurité sanitaire insuffisantes pour garantir la pérennité, ou au moins la survie de l’individu relâché en milieu naturel. Pour cette raison, la démarche de Sibylline s’inscrit dans une approche logique, à savoir : se donner les moyens nécessaires de réussir avec le constat objectif de l’efficacité des opérations.
Pour répondre à cette logique, il est nécessaire d’avoir un centre de soins ÉQUIPÉ, c’est-à-dire offrant un plateau technique (imagerie médicale, bloc opératoire…), avec des professionnels, et en collaboration avec tous les protagonistes liés à la protection de l’environnement : Universités (françaises, européennes et américaines), CNRS…

De même, conscients qu’un tel centre de soins ne peut être dupliqué en tous les points sensibles (soit le littoral français), il est impératif de mettre en place une ambulante, sorte de SAMU Vet faune sauvage, susceptible d’intervenir à n’importe quel endroit, lors de périodes de crise, notamment : marée noire mais aussi épidémie telle que celle de l’automne 2003, 2007-2008 à Morbillivirus en Méditerranée (dauphins bleus et blancs).

 

Hiver 2004

Hiver 2003 : 300 000 oiseaux victimes du Prestige (source WWF). Hiver 2004 : ce dernier continue de fuir (source de Pontevedra, Galice). Concrètement, cela signifie que les échouages d’oiseaux perdurent avec le retour des animaux sur leurs aires d’hivernage. Nous ne sommes plus dans le plan Polmar et la surveillance des plages est très faible car elle ne concerne que la surveillance d’une arrivée éventuelle de boulettes de fuel et non le ramassage des oiseaux qui se mazoutent au large. Nous ramassons donc des cadavres.

 

Candide

Le bénévolat dans les centres de soins, pendant une marée noire, suscite normalement le soutien moral, ou tout au moins la neutralité, de ceux qui n’agissent pas. Eh bien non ! Combien de fois nous sommes nous entendus dire que notre travail était voué à l’échec, à court ou moyen terme, que c’était de l’argent gaspillé… Que ces détracteurs se rendent sur place et réalisent que les mauvais résultats des précédentes marées noires ne sont pas dus à la fatalité mais bien à un manque cruel de moyens, de prises au dépourvu et surtout d’absence volontaire de prise en charge du problème des victimes animales de la marée noire. Visionnez des reportages de la marée noire de l’Amoco Cadiz et vous verrez que les questions des hommes n’ont pas changé, seule la coupe de cheveux et la tenue vestimentaire vous renseigneront sur l’époque. 25 ans se sont pourtant écoulés !!!
Que l’on commence par nous donner les moyens d’agir et nous pourrons raisonnablement en reparler.
La seule survie de l’oiseau mazouté est certes une première étape mais elle ne suffit pas. Les conditions de survie de l’individu sont, en toute logique, LA priorité.
A cette fin doivent être mis en place, outre des centres de soins correctement équipés en hommes et matériel, des protocoles de recherche afin de tenter de répondre, sinon de répondre une fois pour toutes, aux questions qui, sans cesse, resurgissent et nous font perdre un temps, et donc des vies, précieux.

Avant même de parler de protocoles de recherche, doivent être fournis les moyens inhérents au bon accomplissement des opérations. Equiper un centre, cela commence par des appareils de base. Aujourd’hui, pour exemple, en l’état actuel des connaissances, sont euthanasiés d’office des oiseaux considérés trop faibles en poids (valeurs variables selon les espèces). Des erreurs de baguage nous ont permis de constater que des oiseaux qui auraient dû « passer à la casserole » furent réhabilités avec succès. Cela signifie simplement que face à un même faible poids, tous les oiseaux ne sont pas égaux. D’autres critères de « sélection » sont donc nécessaires, à commencer par la mesure des paramètres biochimiques basiques de l’individu, mesure qui nécessite un analyseur.

 

Importance de la prospection des plages

C’est le préambule à toute intervention. Elle complète les découvertes accidentelles, celles des promeneurs ou autres. Si ces dernières s’avèrent importantes, elles demeurent néanmoins insuffisantes.
Une prospection régulière des plages assure une prise en charge rapide des animaux échoués vivants (mammifères ou oiseaux marins) – première condition de réussite pour la réhabilitation – et donne une information tangible sur le nombre d’animaux échoués morts. Cela éviterait ainsi les spéculations infondées, notamment pour les oiseaux.
En pratique, outre les autorisations requises de descente sur les plages, cela nécessite l’acquisition de quads et de carburant, en bref de moyens financiers (cf. « comment aider« ).