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Historique

 

France

La réalité des faits
Avant toute chose, quelques petites précisions

Loin d’être des idéalistes – comment pourrait–on l’être après une marée noire ? – nous tentons de vous retransmettre, dans les rubriques relatives au Prestige, la situation telle qu’elle était. Les informations figurant sur ce site ont été vérifiées. Les phrases sujettes à polémiques ne sont que la narration d’un vécu souvent désagréable. Mais doit–on se taire ?

 

Un pétrolier nommé Prestige

15 Novembre 2002, un pétrolier nommé Prestige, la Galice… l’histoire, vous la connaissez. Puis vient le tour de la France. Fort heureusement, la marée noire attend la fin des fêtes de fin d’année pour pointer le bout de ses galettes. Les oiseaux, eux, n’ont pas attendu, ils s’échouent par dizaines sur les plages, claquants, sub–claquants et parfois aussi avec une résistance leur permettant d’être réhabilités. L’Aquitaine est directement touchée mais également les côtes plus au Nord où les dégazages « opportunistes » font autant de dégâts. Puis le mois de Janvier verra son lot d’échouages massifs sur les côtes Nord, françaises et belges, grâce au Tricolor.

 

l’Aquitaine

Nous ne nous attarderons pas sur l’épopée peu fantastique de cette aventure. L’énergie que les techniciens, venus de Bretagne pour nous apprendre à soigner un oiseau mazouté, ont dépensé en aurait fait abandonner plus d’un. A grands renforts de réunions et de « coups de gueules », les autorités consentirent au financement des centres de soins. Cependant, rien n’était acquis car ces mêmes autorités ne souhaitaient qu’une seule chose, malgré les arrivées massives d’oiseaux : fermer tous les centres et ce, dès le 15 Février. Contre vents et marées, les équipes tinrent bon mais c’était sans compter sur la détermination de la Géante Inertie. Il fut ainsi décidé que le 30 Mars, du moins dans les Landes, tout serait fermé. Et ce qui fut dit fut fait. Plus de centres de soins, plus de station de lavage : les oiseaux seront remontés sur Nantes (700 km pour le centre le plus éloigné)… puis ne seront plus remontés du tout.

La rémunération des compétences

Elle fut de 120 euros/j (800 F/j) pour certaines catégories professionnelles ramassant le mazout sur les plages. Elle fut nulle pour les personnes qui se consacrèrent à la faune sauvage.
Qu’est-ce qui est anormal ? Que des gens qui passent leurs journées sur les plages soient rémunérés ou que ceux qui prodiguent leurs soins aux oiseaux mazoutés ne le soient pas ? Certes le bénévolat demeure une valeur sociale indispensable. A notre niveau, cela ne s’appelle plus du bénévolat…

 

Des centres de soins ouverts sans compétences médicales

Un centre de soins pour faune sauvage victime de la pollution semble, selon toute logique, soumise à la responsabilité d’un vétérinaire. En période de marée noire, et seulement dans le cadre d’une inscription au plan POLMAR, il est juste consenti une rémunération pour une standardiste. L’action des vétérinaires fut donc officieuse, l’Administration jugeant parfaitement normal d’ouvrir des centres de soins sans compétences médicales. Pourquoi les hôpitaux embauchent–ils alors des médecins ? Le résultat le plus direct, les officieux ne pouvant être présents en permanence : les urgences sont traitées par des euthanasies, rien n’est curable, pas même une plaie.

Cette diatribe pour simplement vous informer précisément des différences entre la réalité du terrain et ce que les médias ont pu vous retransmettre.

Les hydrocarbures n’ont pas dit leur dernier mot

24/07/2003 : pollution en Loire du côté de Cordemais (Loire-Atlantique). L’information est relayée par Ouest France et Presse Océan. Une nappe d’hydrocarbures (liquide de décantation) de 50 m de long, d’un volume de 500 l, se répand dans la Loire, poussée à 20 km de son lieu originel par le fort vent et la remontée de la marée, souillant les berges. Le responsable est le dysfonctionnement d’une vanne de la raffinerie de Donges !!!
Peu d’écho de cette mini marée noire. Quel fut le sort des oiseaux piscivores qui peuplent les berges de la Loire ???

 

Le pompage du Prestige a commencé

05/07/2004 (d’après Sud Ouest) : les premières opérations de pompage du Prestige ont permis de récupérer 2000 tonnes de fioul sur les 14 000 T à extraire. La méthode utilisée est celle de la récupération par gravitation. Dans un premier temps, des vannes positionnées sur les cuves de l’épave permettent de faire sortir le fioul vers d’énormes ballons en aluminium. Le fioul étant plus léger que l’eau de mer, les ballons remontent à la surface, guidés par un filin. Leur course s’arrête à environ 40 mètres sous un bateau citerne prêt à accueillir le pétrole acheminé à l’aide d’un tuyau flexible : commence alors le pompage proprement dit. Cette stratégie ne concerne que la partie avant du pétrolier. Les 800 T de l’arrière devraient être, quant à elles, diluées à l’aide d’une solution chimique visant à stimuler l’action des bactéries destructrices de fioul. La fin des opérations est prévue pour le mois d’Octobre, avant l’arrivée des tempêtes.

Rappelons que plus de 65 000 T de brut se sont échappés de la cale du Prestige depuis son naufrage.

 

 

Espagne

Traduction d’un mail reçu début Décembre 2002

Alors que les médias français nous donnaient un aperçu de l’ampleur des dégâts en Galice, l’Espagne exerçait visiblement une censure à l’égard de la situation

« Depuis l’Université de La Corogne, nous voulons transmettre ce qui suit : Nous demandons la diffusion entre élèves !! » David

« Ils reçoivent des appels de volontaires du monde entier qui veulent venir collaborer et la Junta (gouvernement autonome, ndlr) leur répond que non, que ce n’est pas nécessaire.

Tous les moyens existants sont individuels. Aucune entreprise n’a encore été contactée par la Junta pour la collecte des déchets et les caisses venant de la plage, avec beaucoup d’efforts, s’entassent dans les ports et au coin des « arenales » (étendues de sable, ndlr) sans que personne ne s’en préoccupe.

Les gens nettoient sans masque ni gants et des associations qui ont analysé (à leur compte, on suppose) le combustible préviennent qu’il peut être CANCERIGENE par inhalation, dû aux gaz et au taux élevé de souffre. Je peux vous assurer qu’après deux jours sur la plage, le bruit de votre respiration ressemble à celle d’un siliceux. Les sécrétions sont noires.

Des dizaines de fous de Bassan meurent sur les plages parce que les gens des centres de soins de la faune sauvage n’y arrivent plus. J’ai aidé à ramasser des oiseaux à Barrañan, les portant dans MES caisses et dans MA voiture parce que personne ne se chargeait d’eux.

Les gens de la protection civile ne sont pas sur les plages. Il n’y a pas un seul technicien évaluant la situation. ILS NE VONT PAS NETTOYER LES ROCHERS parce que selon la Junta, “la mer l’emportera” (le fuel).

Nous avons la côte bitumée comme si c’était une route et cela s’est solidifié.

Greenpeace est allée à Ferrol laver AVEC SES PROPRES MOYENS et la police les a jetés de la plage profitant que les médias ne soient pas sur place.

On ne va pas demander l’état de catastrophe naturelle parce que selon l’exécutif IL N’Y A PAS DE MAREE NOIRE. La compagnie propriétaire du Prestige a affrété un autre bateau avec la même quantité de cargaison pour combler les pertes, évidemment. Ce bateau fera le même trajet, la semaine qui vient, et accostera à la Corogne si personne ne l’en empêche. Ce bateau a été retenu plus d’une semaine dans un port européen (je ne me souviens plus du nom) et l’armateur s’est vu imposer une sanction pour les graves défauts qu’il présentait. Il est monocoque et navigue depuis 26 ans chargé de brut.

Avec un peu de chance, la ría (petit bras de mer, très typique en Galice, ndlr) de la Corogne, l’unique sauvée cette fois–ci, peut être bitumée d’ici quelques semaines.

Le Portugal a posé des balises par satellite pour contrôler l’évolution des nappes et insiste sur le fait que du brut s’échappe dans la zone du naufrage. La préfecture dit que ce sont des mensonges sans apporter aucune preuve, tandis que les portugais publient des photos satellites. Les bateaux qui sortent travailler dans les zones autorisées ressortent leurs appareils : TOUS, ceux de la superficie et les autres, pleins de pétrole.

On accuse les ramasseurs de pousse–pieds de ne pas nous aider, sachant que ce sont les meilleurs pour agir sur les rochers.

Il n’en va pas ainsi : le président de la confrérie des ramasseurs de pousse–pieds a déclaré (à la SER, où sinon ?) qu’ils se sont offerts pour nettoyer et ce, dès le premier jour, mais ils demandent que la préfecture prenne en charge au maximum les accidents qui pourraient survenir pendant les tâches de nettoyage. Les roches imprégnées et glissantes nécessitent des cordes de sécurité et des harnais de protection, ET LA JUNTA NE LES DONNERA PAS.

La mer va mal parce que, que puis–je vous dire, les tempêtes saisonnières ont déjà commencé et personne se chargera d’eux s’ils se cassent une jambe où s’ils meurent sur les falaises.

Hier nous avons fait une pancarte de 12 m de large avec inscrit « ZONA CATASTRÓFICA, XA! » et nous l’avons suspendue à Riazor, profitant que le Depor–Juve et la presse étrangère soient là. En arrivant chez moi, j’ai regardé un moment la diffusion de TVE. LES VUES PANORAMIQUES ETAIENT COUPEES EN ARRIVANT A LA ZONE DE LA PANCARTE.

Ma mère m’a dit qu’elle l’avait vu diffusé par Canal + et ils n’ont pas filmé la pancarte et je vous assure qu’elle se lisait depuis tout le stade.

Le 1er Décembre, Dimanche, une manifestation aura lieu à Santiago pour demander l’état de catastrophe. A LA TV, ON NE PARLE PAS D’EUX. Ceux qui sont en Galice, s’il–vous–plaît, manifestez–vous.

Si l’on ne parvient pas à ce qu’il y ait un mouvement populaire fort, dès que cela cessera de faire partie des nouvelles et que la presse étrangère (à Londres, les gros titres des journaux insistent sur le fait que c’est LA CATASTROPHE ECOLOGIQUE LA PLUS IMPORTANTE DANS L’HISTOIRE DE L’EUROPE) tout ceci tombera dans l’oubli.

La population EST DEJA EN TRAIN D’EMIGRER. Et pendant ce temps, l’Office de la chasse et le Conseil de l’Environnement… ici, personne ne démissionne. Ils en ont plein la bouche pour parler de l’environnement, de la protection de la nature, de Kioto, de Rio, etc… Et après, quoi ? Et le pire, c’est qu’ils en ont aussi plein la bouche pour parler d’efficacité, de démocratie et ce qu’ils ont fait est le plus antidémocratique qui puisse se faire : ILS ONT ABANDONNE LE PEUPLE. Je ne sais pas s’ils arriveront jusqu’ici. Je suis si en colère, si déçue et avec une telle sensation d’impuissance que cela va jusqu’à me coûter d’écrire. Je vous assure que c’est une chose de le voir à la télé et une autre d’être ici, à le toucher, le sentir et voir les plages sur place, voir les oiseaux bourrés de mazout qui ne peuvent plus bouger et voir les pêcheurs, gens avec une vie pourtant très dure, PLEURER en regardant la mer.

La plate–forme « Nunca Mais » (“Jamais plus”) demande de l’argent pour acheter le matériel, que ne donne pas la Junta, et se mettre à nettoyer. »

 

Diaporamas